(Disponible en format PDF : https://genredomrural24.sciencesconf.org/data/AAC_JE_Genre_et_scenes_domestiques_rurales.pdf)
Pour des raisons techniques, les communications ne pourront pas s'effectuer par visioconférence, les communicant·e·s devront donc être présent·e·s physiquement. Il sera cependant possible d'assister aux journées en distanciel (un lien de diffusion pourra être fourni ultérieurement après ouverture du formulaire d'inscription).
Le genre et les mondes ruraux depuis les scènes domestiques :
de la maison à l’interconnaissance
Argumentaire :
Les espaces ruraux ont été profondément transformés au cours de la deuxième moitié du XXᵉ siècle, bouleversant particulièrement le rôle de la famille, des liens de parenté et de l’espace domestique dans l’organisation sociale, productive et politique. À cet égard, la sociologie et l’anthropologie se sont concentrées sur différentes dimensions de l’espace domestique rural, ses protagonistes et significations sociales.
Jusque dans les années 1950, en France, ces deux sciences reproduisent le « Grand Partage » (Weber, 2000 ; Weber, 2023) dans la délimitation de leurs objets d’étude et de leurs aires géographiques : l’Occident « moderne » pour la sociologie et le reste du monde « lointain » et « primitif » pour l’anthropologie. L’ethnocentrisme qui a organisé la partition entre ces disciplines s’illustre également dans l’étude de l’espace domestique. Dans le cas de la sociologie rurale française, les travaux de Henri Mendras témoignent d’une vision nostalgique du passé rural, fondée sur la proposition de « la fin des paysans » (1970). Dans celle-ci, l’intégration capitaliste met fin à l’association entre famille paysanne et mode de production. Dans le cas de l’ethnologie, l’intérêt pour la « communauté villageoise » conduit à minimiser l’importance de la maison et du groupe domestique comme unités sociales de base (Chiva, 2007). En parallèle, le développement des monographies villageoises dans la sociologie et l’ethnologie rurales françaises privilégie la « localité » comme unité d’analyse, au détriment de la famille, dans une démarche idéal-typique du village (Maget, 1955 ; Jollivet et Mendras, 1971-1974 ; Champagne, 1975). Pourtant, les unités domestiques et leurs espaces sont primordiaux dans l’étude des sociétés, autant « traditionnelles » que « modernes ».
En outre, les espaces domestiques sont des lieux privilégiés d’observation du genre et de ses assignations. Ces dynamiques ont été étudiées en France à travers divers travaux sociologiques, à la fois de manière quantitative, notamment sur le partage des tâches domestiques entre hommes et femmes et son évolution (Champagne, Pailhé et Solaz, 2015 ; Cartier, Letrait et Sorin, 2018), et de manière qualitative dans des contextes urbains populaires (Schwartz, 1990 ; Gilbert, 2016), aisés (Bozouls, 2019), périurbains (Lambert, 2016) ou encore ruraux (Coquard, 2016). Les femmes et le genre ont d’ailleurs fait l’objet d’un traitement inégal au sein de nos disciplines. Pendant longtemps, les femmes ont été reliées à l’espace domestique et au rôle biologique de la parenté, tandis que les aspects juridiques et politiques ont été associés au domaine des hommes (Collier et Yanagisako, 1987). De son côté, la sociologie rurale fait peu cas des relations de pouvoir et de domination, ces cécités à l’égard des rapports de genre ayant conduit à postuler une relative symétrie entre les rôles féminins et masculins (Lagrave, 1983). Si la recherche féministe a trouvé dans l’étude des mondes agricoles le cas typique d’un mode de production domestique (Delphy, 1978 ; Nouvelles Questions Féministes, 1983), elle est néanmoins restée relativement distante des femmes rurales et particulièrement des agricultrices, bien que ces rencontres entre féminisme et sciences sociales aient apporté des travaux féconds (Lagrave, 2021). Il existe par ailleurs des différences de points de vue entre plusieurs sociologues féministes : d’un côté, les féministes matérialistes dénoncent le travail gratuit des femmes au domicile (Delphy, 1998), de l’autre, les écoféministes allemandes de la subsistance (Mies et Bennholdt-Thomsen 2022) soulignent la distinction entre travail domestique industrialisé et travail domestique pré-capitaliste (Pruvost 2021). Le genre n’est cependant pas à réduire à celui des femmes, à l’instar des travaux ethnographiques qui ont porté sur les masculinités rurales ouvrières et populaires (Renahy, 2005), ou qui s’y sont intéressé au sein de différents espaces de travail (Rivoal, 2021 ; Oeser, 2022).
Si nous constatons l’existence de dialogues et de ponts entre nos disciplines, ainsi qu’une ambition de dépasser les frontières disciplinaires, le « Grand Partage » persiste toujours dans la structuration de nos objets d’étude et dans l’organisation institutionnelle de nos recherches. De même, les scènes domestiques constituent autant des espaces de relégation du genre que des espaces relégués au sein des enquêtes de sciences sociales. Qu’en est-il de l’étude des espaces domestiques en milieu rural ? Que nous apprend une entrée par l’espace domestique sur les mondes ruraux contemporains et sur la construction du genre en leur sein ?
L’ambition de ces journées d’étude est de nourrir les dialogues pluridisciplinaires sur les mondes ruraux. Si la famille, la parenté, la maison, la maisonnée (Weber, Gramain et Gojard, 2003 ; Pruvost, 2022) ou l’espace domestique ont été traités différemment par la sociologie et l’anthropologie, nous proposons de repenser ces lieux et leurs configurations multiples à partir de la notion de scène sociale (Weber, 1989). Florence Weber la définit comme un « sous-ensemble des relations orientées par une pratique dans l’ensemble des relations que noue un individu » (p. 153). La particularité de cette notion réside dans le constat d’une intersection des scènes. Ainsi, si les personnes peuvent mobiliser leurs capitaux dans différentes « scènes sociales », l’espace domestique ne constitue pas une sphère autonome, séparée de celle du travail, de la vie collective, des croyances ou de la politique. En partant de la « scène domestique », nous proposons d’aller au-delà d’une lecture économique de l’espace domestique, d’une étude matérielle de la maison, de l’analyse des rapports de pouvoir de la maisonnée ou des typologies de la parenté. Il s’agit de comprendre comment les assignations de genre construites au sein de la scène domestique peuvent se traduire dans d’autres espaces, d’autres scènes sociales des mondes ruraux, en tant que contraintes, possibilités, ressources ou stigmates. Qu’est-ce que l’étude du genre à l’échelle domestique nous apprend-elle sur l’imbrication des scènes sociales dans les mondes ruraux ?
Ces journées d’étude visent ainsi à aborder les mondes ruraux et les rapports de genre qui s’y jouent depuis les scènes domestiques, en invitant à questionner l’importance sociale des rôles au-delà de la maison et en relation avec d’autres domaines de la vie sociale. En tant que configurations sociales et spatiales marquées par l’interconnaissance (Laferté, 2014), nécessairement à restituer, les espaces ruraux autant que les scènes domestiques impliquent de mobiliser une approche ethnographique. Les propositions de communication pourront se structurer – entre autres – suivant trois ensembles de questionnements, portant sur les relations entre dimension productive et rôles domestiques, sur les relations et rapports sociaux qui se tissent à l’échelle de la maison, et sur les prolongements des assignations de genre des scènes domestiques vers d’autres institutions.
Axe 1 – Travail domestique, de subsistance, « à-côté »
Les liens entre espace domestique et modes de production ont déjà été établis de longue date (Chayanov, 1966 ; Meillassoux, 1975). Dès les années 1980 en France, la sociologie rurale est marquée par des travaux portant sur les agricultrices, dont le travail professionnel n’est pas reconnu (Lagrave, 1987) et est confondu avec le travail domestique (Barthez, 1982 ; Barthez, 2005). À la même époque, le « travail à-côté » (Weber, 1989) désigne les occupations masculines à l’extérieur de l’usine, comme le bricolage et le jardinage, qui permettent de faire des économies tout en étant source de plaisir et de reconnaissance sociale. Depuis les années 2000, plusieurs publications octroient un intérêt particulier aux rôles de genre dans l’espace domestique rural. Elles portent notamment sur le travail des agricultrices (Lemarchant et Seiller, 2021 ; Samak, 2017), les inégalités genrées de transmission du patrimoine – notamment agricole – (Bessière, 2010 ; Bessière et Gollac, 2020), la prise en charge masculine des travaux de rénovation et de construction des logements (Gollac, 2013), ou encore sur l’investissement conjugal de la propriété (Agnoux, 2023). D’autres enquêtes abordent la division sexuée du travail domestique au sein des ménages ruraux (Comer, 2021), qui se retrouve dans les habitats non ordinaires (Lion, 2024), ainsi que dans le travail de subsistance des « alternatifs » vivant en couple (Pruvost, 2024) ou en collectif (Rozencwajg, 2021). La plupart de ces enquêtes ont en commun la propriété foncière, davantage accessible en milieu rural, où les classes populaires sont d’ailleurs surreprésentées (Mischi, Renahy et Diallo, 2016). Une première piste de réflexion a donc trait à la question du travail de subsistance et du « travail à-côté » au prisme du genre dans les espaces domestiques ruraux. En effet, en milieu rural, les superficies de ces lieux peuvent être importantes, en même temps qu’ils se décomposent en plusieurs espaces, tant intérieurs (habitations, garages, dépendances, appentis) qu’extérieurs (jardins, terrains, mares, forêts), qui permettent la mise en place des pratiques de subsistance spécifiques, comme la production domestique alimentaire et de bois de chauffe.
D’une part, les communicant·e·s sont invité·e·s à interroger les modalités de la division du travail de subsistance. Observe-t-on une stricte division de ce travail à partir de socialisations genrées (faire du bois, faire un potager, cuisiner) ? Si non, quelles autres configurations observe-t-on ? Comment les pratiques de subsistance sont-elles réparties dans les collectifs ou dans les ménages non-hétérosexuels ? Les communicant·e·s pourront s’interroger sur l’influence de l’arrivée de nouveaux et nouvelles habitant·e·s sur la division sexuée du travail de subsistance dans les foyers, en précisant comment leurs caractéristiques sociales et conditions d’installation interviennent. Par ailleurs, alors que les travaux sur les rapports de genre en agriculture ont souvent souligné la séparation du professionnel – associé aux hommes – et du domestique – associé aux femmes – malgré leurs proximité et confusion (Barthez, 2005), quelle place la maison occupe-t-elle dans les exploitations agricoles ? Est-elle séparée ou incorporée aux espaces de travail ? Qu’en est-il des métiers nécessitant un atelier, notamment dans l’artisanat ? Que produit le travail au domicile, des assistantes maternelles par exemple, sur le rapport au travail domestique (Lechien, 2013 ; Avril, 2018) ? Enfin, qu’en est-il lorsque le foyer est le lieu d’une importante production domestique ?
D’autre part, les communicant·e·s pourront se demander si le « travail à-côté » est toujours une notion opérante pour penser les activités réalisées en dehors du travail ouvrier ou salarié, à la fois notamment face aux recompositions des classes populaires rurales, et alors que le travail rémunéré peut ne plus être central – autant dans les emplois du temps que dans les représentations. Les communications pourront également questionner les potentielles formes féminines du « travail à-côté », qui jusque-là a surtout été étudié au masculin. Constate-t-on des différences en fonction des fractions de classe, et si oui quelles sont-elles ? L’arrivée de populations économiquement dotées peut provoquer des reconfigurations économiques au cœur des espaces domestiques. Par exemple, assiste-t-on à des embauches de femmes rémunérées en chèque emploi-service pour faire du ménage ou d’autres tâches dans les propriétés nouvellement acquises ? Dans quelle mesure ces différences de capitaux reconfigurent-elles des réseaux d’entraide ? En quoi ces espaces domestiques peuvent-ils constituer des lieux de socialisation à travers les contacts répétés entre différents groupes sociaux au sein d’un même foyer ?
Axe 2 – Conduire, habiter et gérer la maison
En France, la maison en milieu rural a été étudiée comme étant à la fois un espace juridique, symbolique et productif (Chiva, 2007), en mettant en avant son aspect moral et symbolique (Lévi-Strauss, 1983), son imbrication dans le lignage et le patrimoine (Bourdieu, 1962), ainsi que ses dimensions matérielles et techniques (Rapoport, 1972 ; Pinson, 1992). En dehors de l’Europe, la maison a par exemple été appréhendée comme faisant partie des réseaux de voisinage et d’entraide essentiels (Lewis, 1959 ; de Pina-Cabral, 2014), tandis que des travaux plus récents revisitent sa centralité en l’étudiant comme un « fait social total » (Carsten et Hugh-Jones, 1995). D’autres travaux ont mis en avant les relations de gouvernance et de pouvoir qui soutiennent et organisent la maisonnée (De L’Estoile, 2020 ; De L’Estoile, 2024), ainsi que les liens entre la maison et le fonctionnement du marché (Gudeman et Hann, 2015). Aujourd’hui, une « nouvelle anthropologie de la maison » (Cortado, 2020) pense celle-ci non seulement comme un espace fermé sur soi, mais également comme faisant partie d’une « configuration » plus large (Marcelin, 1999), bien que les principaux travaux soient concentrés sur des espaces urbains et populaires. Ainsi, pouvons-nous parler d’une matérialité des maisons propre aux mondes ruraux ? Les pratiques d’entraide entre maisons et entre familles sont-elles différentes de celles observées en milieu urbain ? Comment l’espace de la maison est-il défini dans les mondes ruraux, potentiellement moins dotés d’espaces publics ?
Des ethnographies ont d’ailleurs montré les socialisations genrées à des activités et à des composantes de l’espace domestique, plus ou moins associées à des fonctions, qui contribuent en retour à produire le genre et ses séparations (Verdier, 1979 ; Hongrois, 1989 ; Vignal, 2018). Plus largement, si la maison est un lieu personnel, « à soi », elle est également façonnée par des influences extérieures et des processus de réappropriation (Delsaut, 1988). Les espaces ruraux sont enfin marqués par des reconfigurations en lien avec les mobilités résidentielles : les jeunes hommes et les jeunes femmes qui restent sur place (Coquard, 2019 ; Orange et Renard, 2022) peuvent côtoyer les personnes venues s’installer à la campagne (Collet, Delage et Rousseau, 2023), parfois en « collectifs utopiques » (Civilisations, 2021), ainsi que des minorités de genre jusque-là invisibilisées en milieu rural (Giraud, 2016 ; Le Corre, 2020 ; Rimlinger, 2024). À leur suite, on peut se demander comment les mobilités résidentielles et la cohabitation de groupes sociaux différents dans des contextes d’interconnaissance affectent le chez-soi rural ? De plus, la dimension écologique couplée à la diversité des habitats (en dur, léger, écoconstruit, mobile, vie en collectif, vie en couple), qui permet de recoder la ruralité et le foyer comme partie prenante du mode de vie écologique (sédentaire et nomade) peut également être questionnée en ce qu’elle permet d’ouvrir la conception du domestique. La matérialité et les usages de l’espace domestique sont-ils différents entre « locaux » et « néo-locaux », voire « néoruraux », ou entre classes sociales, populaires et aisées ? Dans quelle mesure la maison s’inscrit-elle dans des normes ou dans des processus de distinction ? Quels effets peuvent avoir des phénomènes de gentrification ou encore de paupérisation sur les scènes domestiques ?
Des travaux sociologiques français récents ont également abordé les classes sociales et le genre par le biais de l’habitat et du type d’espace habité (Actes de la recherche en sciences sociales, 2016 ; Lambert, Bonvalet et Dietrich-Ragon, 2018). L’analyse des relations entre trajectoires sociales et trajectoires résidentielles (Dietrich-Ragon, 2013) peut également être enrichie par celle du rôle des politiques publiques dans ces mêmes trajectoires et dans la production de ces espaces et modes de vie (Abdelnour et Lambert, 2014). D’une autre manière, la propriété immobilière a pu servir d’indicateur des dynamiques sociales de certains groupes professionnels et de moyen d’expression de leur accumulation de capital économique (Laferté, 2016). Ces enquêtes se sont penchées sur les sociabilités qui ont lieu au sein des espaces domestiques – alors que le déclin des formes de sociabilité ouvrières et populaires (Renahy, 2005) ont produit un repli sur le foyer –, quand la « bande de potes » du conjoint s’invite au domicile (Coquard, 2016), mais aussi quand certaines conjointes subissent « l’enfermement domestique » (Lambert, 2016). Or, la scène des loisirs dans les espaces ruraux est présentée dans plusieurs travaux comme largement dominée par les hommes (Renahy, 2005 ; Coquard, 2019 ; Amsellem-Mainguy, 2021). Dans quelle mesure ce constat influe-t-il l’expérience des femmes dans l’espace domestique, que d’autres travaux décrivent comme un espace qui peut être consacré au « temps pour soi » féminin (Masclet 2018) ? La maison est-elle également investie par les femmes comme espace de loisirs et de sociabilités et, si oui, comment ? Cet investissement suscite-t-il des conflits d’occupation entre les membres du foyer ? Quels arrangements sont mis en œuvre ?
Axe 3 – L’espace domestique et les institutions extérieures
Les espaces domestiques ne sont ni isolés ni hermétiques, mais sont au contraire liés à diverses institutions, que les personnes fréquentent ou non. On peut penser aux effets des interactions avec des professionnels de santé (Arborio et Lechien, 2019) ou des travailleurs sociaux (Perrin-Heredia, 2013) sur la conduite du ménage. Dans une perspective historique, on peut également évoquer les formes de paternalisme et de patronage, quand l’autorité des patrons enveloppe plusieurs dimensions de la vie quotidienne de familles ouvrières et paysannes (Pinçon, 1985 ; Noiriel, 1988), ou encore aux institutions éducatives qui transmettent et projettent des ordres genrés, comme ça a été le cas pour l’enseignement ménager (Lebeaume, 2014 ; Pruvost, 2021, p. 143‑162). Plus largement, le domaine du « privé » peut être affecté par des changements dans les structures économiques et du marché de l’emploi, ne serait-ce qu’en termes de temporalités (Bourdieu et al., 1963 ; Bourdieu et Sayad, 1964 ; Lazarsfeld, Jahoda et Zeisel, 1982 ; Schwartz, 1990).
Plusieurs travaux ont montré que les figures de respectabilité, notamment féminines (Skeggs, 2014), comptent dans les mondes ruraux et reposent sur le capital d’autochtonie, l’ancrage local, ou la participation régulière aux diverses institutions présentes sur place (Amsellem-Mainguy, 2021 ; Agnoux, 2023 ; Durand, 2021 ; Orange et Renard, 2022). Dès lors, dans quelle mesure les normes de genre dans l’espace domestique peuvent-elles prévaloir sur les injonctions d’institutions supposées extérieures ? Comment les femmes composent-elles entre une division sexuée des rôles et des pratiques, potentiellement garante de l’intégration à la communauté villageoise, et leurs aspirations ? De façon plus latente, la religion fait partie de ces institutions qui agissent sur l’intime jusque dans l’espace domestique (El Amrani-Boisseau, 2012). Les communications pourront ainsi interroger la dimension quotidienne et domestique de la religion pensée au prisme de la sphère de l’intime, familiale et conjugale. Quels sont les effets de la religion pour les femmes vivant en milieu rural ? Dans quelle mesure vient-elle véritablement modifier leur quotidien ?
Modalités de proposition des communications :
Les résumés, d’une longueur maximale de 5 000 caractères (espaces compris), sont à déposer au plus tard le 06 octobre 2024 via ce formulaire.
Les propositions de communication attendues peuvent s’affilier à toute discipline des sciences humaines et sociales, dans la mesure où elles reposent sur des enquêtes empiriques rigoureuses et sur des matériaux qualitatifs et ethnographiques. Les communications peuvent s’inscrire dans l’un des axes proposés, mais également répondre à des questions non explorées dans cet appel autour des rôles sociaux de genre au-delà de l’espace domestique, s’intéressant à l’imbrication des scènes sociales en milieu rural et aux dialogues entre sociologie et anthropologie à ce sujet. Les travaux comparatifs, ainsi que pluridisciplinaires, sont les bienvenus.
Calendrier :
06 octobre 2024 : réception des propositions de communication.
14 octobre 2024 : réponse aux communicant·e·s.
15 novembre 2024 : envoi des textes des communications (30 000 caractères maximum, espaces compris) pour transmission aux discutant·e·s.
28-29 novembre 2024 : journées d’étude à l’Université de Nantes.
Bibliographie :
Abdelnour Sarah et Lambert Anne, 2014, « “L’entreprise de soi”, un nouveau mode de gestion politique des classes populaires ? Analyse croisée de l’accession à la propriété et de l’auto-emploi (1977-2012) », Genèses, n° 95, p. 27‑48.
Actes de la recherche en sciences sociales, 2016, « Les classes sociales au foyer », n° 215.
Agnoux Perrine, 2023, « Cumuler les preuves du dévouement. Des jeunes femmes des classes populaires rurales prises dans les tensions de la conciliation », Revue des politiques sociales et familiales, n° 149, p. 73‑90.
Amsellem-Mainguy Yaëlle, 2021, Les filles du coin. Vivre et grandir en milieu rural, Presses de Sciences Po.
Arborio Anne-Marie et Lechien Marie-Hélène, 2019, « La bonne volonté sanitaire des classes populaires. Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé », Sociologie, vol. 10, n° 1, p. 91‑110.
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Bessière Céline et Gollac Sibylle, 2020, Le genre du capital. Comment la famille reproduit les inégalités, La Découverte.
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